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lundi, 28 juin 2010

Chari'a

001a6113fc9506cd03766bc82fb0a1da.gifLa charia par © Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

Charî'a signifie en arabe "fil conducteur dans la vie".

La charia n'est pas un code, comme par exemple le code Napoléon en France. Ce n'est pas un livre. C'est l'ensemble des interprétations juridiques et éthiques, souvent divergentes, qu'au cours des siècles les théologiens ont données (et continuent de donner) des Ecritures sacrées islamiques: c-à-d le Coran et la Sunna.

Il y a quatre écoles théologico-juridiques dans l'islam sunnite, toutes fondées au 8ème et 9ème s. :

1) L'école malékite (fondée par Mâlik ben Anas)
2) L'école chafé'ite (fondée par Châfi'î ou Shâfi'î) (1)
3) L'école hanbalite (fondée par Ahmad ben Hanbal) (1)
4) L'école hanéfite (fondée par Abû Hanîfa)

La charia ne concerne pas tous les aspects de la vie humaine, comme d'aucuns l'ont dit ou écrit. Cela est nettement exagéré dans le sens où elle réglementerait en totalité tous les détails de la vie humaine.

Certes les principaux domaines de l'activité humaine sont touchés par elle, mais à l'intérieur de chacun de ces domaines, il y a des zones vierges que les souverains musulmans et les particuliers ne se sont pas fait faute d'exploiter.

La charia est plus qu'un droit, puisqu'elle inclut les prescriptions cultuelles, et que sa fin dernière est non seulement d'organiser en ce monde la vie la plus vertueuse et la plus utile, mais aussi de préparer les membres de la communauté à leur salut futur. La charia est orientée eschatologiquement.

Elle classe les actions humaines en cinq catégories:

1) ce qui est obligatoire
2) ce qui est recommandé
3) ce qui est indifférent (ce sont les adiaphora de la pensée grecque), mubâh, ou licite
4) ce qui est blâmable (makrûh)
5) ce qui est interdit.

Exemple: ce qui est obligatoire, ce sont notamment les obligations cultuelles (cf. les cinq piliers de l'islam ). Il est recommandé de se marier (mais ce n'est pas obligatoire). Il est blâmable (mais non interdit) de rester célibataire. Ce qui est interdit comporte tous les crimes et délits qui relèvent du droit pénal, et les tabous alimentaires (interdiction de consommer des boissons fermentées, de manger du porc etc...)

La charia a été codifiée sous l'impulsion de deux grands fuqahâ' (théologiens-juristes) Shâfi'î (Châfi'î) (Gaza 767 - 820 Le Caire) dans sa Risâla et Ahmad ben Hanbal (Bagdad 740-31 juillet 855 Bagdad) [sur Châfi'î, voir le jugement de Dhahabî ici ]

La Risâla de Châfi'î définit avec netteté le rôle du Coran et de la Sunna, de l'idjmâ' (le consensus des Docteurs) et du raisonnement analogique (qiyâs). Il établit les principes suivants:
1) Il ne saurait y avoir de contradiction entre Coran et Sunna. La Sunna (les traditions du prophètes) explicitent le Coran.
2) Le Coran ne peut être abrogé que par le Coran et non par la Sunna. Quand il y a contradiction entre deux versets coraniques, le plus récent abroge le plus ancien.
La Sunna ne peut être abrogée que par la Sunna. Autrement dit: un texte ne peut être abrogé que par un texte de même niveau.
3) La Sunna doit être obéie comme émanant de Dieu en vertu de Coran 4.62 "Obéissez à Dieu et à son Prophète."
Pour aller plus loin:
François-Paul Blanc, Droit musulman , Paris, 2006
F P. Blanc, J.-P. Milliot, Introduction à l'étude du droit musulman, Paris, 2001
Louis Milliot, Introduction à l'étude du droit musulman, Recueil Sirey
N.J. Coulson, A History of Islamic Law, Edinburgh Paperbacks
Ignaz Goldziher, Introduction to Islamic Theology and Law, Princeton
Joseph Schacht, The origins of Muhammadan Jurisprudence, Oxford
Joseph Schacht, An Introduction to Islamic Law, Oxford
Henri Laoust, Le précis de droit d'Ibn Qudâma, Institut Français de Damas, Beyrouth, 1950
Henri Laoust, Le traité de droit public d'Ibn Taimîya, Institut Français de Damas, Beyrouth, 1948
Muhammad ibn Idris Shafi°i, La Risâla, les fondements du droit musulman, Paris, 1999

Copyright Ralph Stehly. Reproduction interdite, sauf dans dans un but non-commercial, et à condition de mentionner la source et l'auteur

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Notre seul commentaire sera bref : si le qour'an était une tasse de thé, la sounnah en serait le lait que je prend comme les Anglais qui disent : just a smoke ! (Juste un nuage) et la chari'a comme le sucre : c'est dire jamais.
A part la condamnation du voleur à avoir la main coupée que je n'arrive pas à admettre, toute la justice du Dieu Unique se trouve dans le qour'an mais assurémment pas dans les diverses chari'a des pays dits islamiques qui allient la cruauté inutile au ridicule scatologique (cf. article Khomeiny du 01/01/08 sur ce même blog).

00:05 Écrit par Bonnes Nouvelles dans Spiritualité | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : charia, voie, règles, conduite, musulman, loi, islamique | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook