mardi, 18 janvier 2011
Lecture ou récitation ?
Question de @Boanaerges
(que nous remercions pour ses nombreuses participations.)
Pourquoi vous avez choisi d'intituler le Coran par Lecture Noble ? ou par "qour'an al karim" ?
J'en conclu que vous avez plutôt choisi de traduire "qara'a" par lire, lecture etc...
Or, j'ai remarqué qu'il y avait une différence dans la définition du mot arabe "qara'a" chez les érudits, pourquoi certains le traduisent par LIRE et d'autres par RECITER ? Quelle serait le mot exact arabe pour RECITER ? Je vous remercie de votre réponse.
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Tout d'abord, permettez moi de rappeler que je n'ai pas inventé l'expression arabe :
a°l qour'an a°l karim (la Lecture/Récitation Noble) qui est inscrite sur la page de garde de la quasi totalité des qour'an (Corans) en langue arabe.
Dans la mesure où j'ai décidé de ne m'adresser qu'aux seuls francophones, il m'incombait de trouver la meilleure traduction possible.
Les érudits semblent en effet d'accords pour dire que le mot qour'an est dérivé du verbe qara'a qui signifie lire mais aussi réciter.
A/ l'arabe coranique a pour origine le Qouraïchite, dialecte parlé par certaines tribus de la Mecque et qui était celle du Prophète.
Le qour'an est le premier livre écrit en arabe qouraïchite, donc en arabe coranique ancêtre de l'arabe classique actuellemnt parlé par les intellectuels arabes par opposition aux dialectes (algérien, égyptien, libanais, marocain, tunisien ... etc.)
B/ parce que les illettrés étaient légion à l'époque de mouhammad, les personnes ne lisaient que rarement et souvent récitaient "par coeur" les poésies arabes, puis plus tard, les versets du qour'an.
Donc peut-être qu'à l'origine, le verbe arabe qara'a signifiait : "restituer un texte par la parole".
- soit par la lecture pour ceux qui en étaient capables,
- soit par la récitation pour la grande masse des autres.
Il faut rappeler que les techniques de mémorisation de l'époque, étaient très fiables et que des pans entiers de la littérature pré-islamique nous sont parvenus par ce moyen.
C/ Le qour'an lui même utilise d'autres verbes : pour "réciter"
§S.2/121 a°l lazîna a°tayna°-Houmou-l kita°ba
Ceux à qui Nous avons donné les Écritures
yatloûna-hou haqqa tila°wati-hi oû°lai°ka yoûminoûna bi-hi
[et qui] les récitent {comme on doit} les réciter, ceux-là y croient.
§S.10/61 wa ma° takoûnou fî chayin
Et tu ne te trouveras/seras dans [aucune] situation/chose
wa ma° tatloû° min-hou min qoura°nin
et tu n’en réciteras (rien), de la Lecture
§S.25/32 wa qa°la-l lazîna kafaroû°
Et ceux qui mécroient disent :
law la° nouzzila ‘alay-hi
Pourquoi n’a-t-on pas fait descendre sur lui
a°l qoura°nou joumlata°n wa°hidata°n
la Lecture [en] un ensemble unique ?
kaza°lika li-nouçabbita bi-hi fouwa°da-ka
Ainsi l’avons-Nous révélé pour te raffermir
wa rattal-na°-hou tartîla°n
et Nous lui avons fait réciter avec soin (en récitant)
D/ Venait donc l'heure du choix, et ce fut Lecture.
Par ce que :
1° Pour nous, francophones, avant de pouvoir réciter,
faut-il encore lire le texte en français,
puis en arabe translittéré et enfin en lettres arabes.
2° avant de prier (ou se décider à) avec le texte arabe, faut-il étudier son contenu et donc lire des avis à son sujet.
3° dans notre civilisation moderne, la lecture est plus valorisée que la récitation qui fait penser à la pratique peu glorieuse du perroquet.
4° Le mot Coran (précédemment nommé : Alkoran, Koran) sont des néologismes. Alors j'ai voulu, là encore, françiser à 100% la Parole du Dieu Unique, qui fut certes révélée aussi en arabe, mais se doit d'être communiquée au monde entier dans la langue comprise par l'auditeur. Comment, avec un discours en chinois, toucher le coeur d'un esquimeau ?
5° Enfin le respect de la tradition coranique : al qour'an a°l karim, devait se traduire par l'adjonction de l'adjectif "noble" qui caractérise la Parole du Dieu. En effet quelle lecture est plus noble que celle de Sa parole ?
Cette parole qui explicite Sa promesse exprimée dans la sourate n° 9 a°t tawba :
§S.9/111 wa'da°n 'alay-hi haqqa°n
une promesse véridique de Sa part
fî-t tawra°ti wa-l i°jî°li wa-l qour'a°ni
dans la Torah, l'Evangile et le qour'an
E/ Enfin, il ne faut pas oublier le sens de qara'a, réciter.
sourat a°l 'alaq - n° 96 - l’Adhérence - Pré hég. n° 1
Au nom du Dieu, le Clément, le Miséricordieux !
1. i°qra° bi-(i)°smi rabbi-ka-l lazî Ralaqa
Lis ! Au nom de ton Seigneur Qui a créé !
Quand l'ange Gabriel révèla de la part du Dieu le premier mot qui était aussi un commandemant :
i°qra, lis (impératif du verbe lire),
Mouhammad a répondu :
Comment puis-je lire, moi qui ne sais pas lire".
Il pouvait aussi vouloir dire : Comment réciter, moi qui ne sait pas réciter (ce que je ne connais pas, car à ce jour, je ne l'ai jamais entendu).
00:07 Écrit par Bonnes Nouvelles dans Spiritualité | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : lire, réciter, qour'an, koran, korane, coran | | del.icio.us | | Digg | Facebook
Commentaires
Bonsoir,
Merci pour cette réponse qui, non seulement est plus que satisfaisante mais de plus, complète.
Cependant, une autre chose m'intrigue. L'expression qour'ranique " le Prophète était ummi" m'intrigue.
Certains disent que "
le "ummî" est, selon le coran, celui qui ne possède pas de Livre sacré."
Pouvez-vous s'il vous plaît m'éclairer sur ce mot, et aussi de son utilisation dans les différents contextes dans le Coran ?
Merci.
Écrit par : Boanergès | lundi, 19 janvier 2009
Si donc, comme vous le dîtes, l'ange Gabriel dit à Mouhammad: " i°qra " ( lis )
comme il me semble aussi dans la Sourate 96. 1-5, et bien d'autres...
c'est que Mouhammad savait bel et bien lire, qu'il avait la capacité de lire les Ecritures Saintes qu'il avait certainement entre les mains et que sa lecture était le Qour'an (Coran) ?!
Écrit par : Boanergès | lundi, 19 janvier 2009
Merci de vos questions dont les réponses font l'objet de l'article de demain 20.01.09 - chayR.
Écrit par : chayR | lundi, 19 janvier 2009
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